L’Artiste et le trac

DE LA DIFFICULTE D’ETRE
MUSICIEN, COMEDIEN OU DANSEUR…

Le musicien, le comédien, le danseur doivent être performants dans l’instant. Si dans le travail quotidien, ils peuvent revenir des dizaines de fois sur un trait d’orchestre, un texte ou un enchaînement chorégraphique, sur scène, ils n’ont pas droit à plusieurs essais comme un peintre qui revient sur sa toile. Ils doivent atteindre la perfection, là, tout de suite. C’est peut-être la dernière fois qu’ils sont autorisés à passer ce concours, mais dans une heure, ce sera terminé, à jamais.

Comment ne pas «craquer » ?


piano d'artiste trac et sophrologie

 Comportement de l’artiste

Les musiciens prennent d’abord conscience des nombreux blocages corporels liés à leurs différentes postures instrumentales. Souvent, ils sont alertés par des douleurs physiques…tendinites et problèmes de dos en particulier.

La «médecine des arts » est née, il y a quelques années, en soignant ces pathologies très particulières et surtout en intervenant au niveau de la prévention. Une équipe de kinésithérapeutes spécialisés intervient dans des conservatoires, et les professeurs, dans leur formation, sont de plus en plus à même de répondre à cette fragilité physique du musicien.

Les Cefedem (centres de formation pour les professeurs en danse et musique) en particulier, dispensent des cours qui permettent de mieux appréhender les difficultés physiques. Ces cours sont donnés par des psychomotriciens, des kinésithérapeutes, des sophrologues ou tout autre technicien des approches corporelles et comportementales.

Les comédiens et les chanteurs rencontrent fréquemment des phoniatres pour des problèmes de fatigue vocale, voire d’aphonie. Il s’agit souvent de forçage qui va jusqu’à la production de nodules sur les cordes vocales. Une rééducation respiratoire est alors proposée. L’aspect psychologique et la dimension de stress sont rarement pris en compte.

Le danseur est souvent en conflit dans son rapport au corps. Patient attitré du kinésithérapeute, l’image qu’il se fait de son corps idéal de danseur ne correspond pas à sa réalité propre. C’est souvent la lutte incessante contre les kilos en trop qui aboutissent fréquemment, chez les jeunes adolescentes, à l’anorexie et à son cortège de troubles, en particulier hormonaux. C’est aussi le serrage musculaire excessif qui est peu propice au lâcher- prise nécessaire pour obtenir une détente physique et mentale, en particulier chez le danseur classique. Ces pathologies sont un peu moins fréquentes en danse contemporaine et danse jazz.

Le parcours du combattant … Ou le parcours initiatique ?


  Souvent, les premières douleurs sont vécues comme un appel au secours. Ce corps qui dit « non » génère chez l’artiste des doutes sur l’efficacité de sa technique. Mais c’est souvent aussi pour lui l’occasion de se poser des questions sur l’historique de sa vocation, de son parcours et de son rapport « affectif » à son art.

Nous sommes tous constitués par notre passé, par notre présent et nos projections futures. L’élève qui déjà, en troisième cycle de conservatoire, voire même avant, souffre dans son corps quand il joue va se projeter dans l’avenir avec une certaine appréhension.

On touche là le domaine des émotions et du mental.

L’artiste, par sa sensibilité et l’exercice de son art est en danger permanent même si son corps le laisse en paix, car il doit être performant, quel que soit son état de fatigue et son état émotionnel.

Un échec à un concours, un concert médiocre, une parole ressentie comme blessante de la part d’un chef d’orchestre, d’un professeur, d’un collègue, de la critique… et tout s’effondre. L’artiste est en représentation permanente, exposé aux regards, à l’écoute, aux jugements.

Quand il sort du spectacle et qu’il dit « j’ai mal joué, je n’étais pas en forme ce soir », il pense en fait «je ne suis pas bon,  je suis nul ». C’est le JE tout entier qui est atteint. C’est l’image de soi reflétée dans le miroir du public qui se brise. L’artiste se vit en négatif, et il y a de fortes chances pour que son énergie, son optimisme, sa fougue, tout simplement sa confiance en lui soit à rude épreuve.

Interviennent parfois des idées parasites telles que « que pensent-ils de moi ? De quoi j’ai l’air ? » pendant l’exécution d’une œuvre.
C’est alors que la concentration s’avère défaillante et donc la mémoire aussi. Le cerveau tout occupé à éviter le «trou de mémoire » ne commande plus les muscles, et le trait d’orchestre est raté et le comédien ne sait plus son texte et le danseur rate un enchaînement.

Bien-sûr, l’interprétation artistique qui nécessite une disponibilité totale de l’énergie ne peut s ‘épanouir totalement que dans une liberté psychophysique et créatrice.

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Notre artiste est comme prisonnier de lui-même. 
Son imaginaire est bloqué par ses émotions parasites.

Que de fois les professeurs entendent les élèves dire «chez moi, avant de venir, je jouais très bien. Là, je n’y arrive plus ».

On parle alors de trac.

Pour certains, le trac va être un stimulant, un appel à se dépasser, à aller au-delà de ses limites. Sacha Guitry répondait à une jeune comédienne qui disait ne pas connaître le trac : « Rassurez-vous, Madame, le trac vient avec le talent ».

Le trac devient  un parcours initiatique qui permet d’approcher les sommets d’un art.

Pour beaucoup d’artistes, le trac est tellement invalidant qu’il bloque complètement ce dépassement de soi-même et empêche toute réussite sociale, professionnelle et privée. C’est le parcours du combattant voué à l’échec.


 

Quelles sont les manifestations du trac ?

 Accélération du rythme cardiaque, sensation d’oppression, tremblements et fourmillements dans les mains, mouvements incontrôlés du corps, transpiration et sueur froide, douleurs abdominales accompagnées de nausées et de dérèglement du système digestif et intestinal, nuque raide et maux de tête…

Et, quelques jours avant une prestation : insomnies et troubles alimentaires, en général perte d’appétit et parfois accès boulimiques.

Pour les fumeurs, le nombre de cigarettes est multiplié par deux ou par trois.

Sur le versant psychologique et comportemental : sautes d’humeur, envie de disparaître, de se cacher, «de ne pas y aller », c’est la fameuse réaction d’évitement, de fuite, qu’on retrouve dans de nombreuses manifestations de stress, impossibilité de fuir les pensées parasites, impossibilité de faire le vide mental.

S’ajoutent à ce descriptif peu réjouissant, parfois les prises de drogues diverses : alcool, médicaments, cocaïne etc.…

Tout ce vécu douloureux renvoie bien-sûr l’artiste à une image peu valorisante de lui-même. Comme nous l’avons vu plus haut, c’est encore une fois la perte de l’estime de soi. Et, d’échecs en échecs, la confiance s’amenuise jusqu’à parfois l’abandon total d’une activité artistique.

 

Depuis plus de vingt ans, de nombreux sportifs de haut niveau utilisent la sophrologie pour améliorer leurs performances.

Aujourd’hui, les artistes commencent, eux aussi, à pratiquer cette technique de relaxation et de visualisation qui a fait ses preuves, dans le but d’atteindre une plus grande efficacité dans l’exercice de leur art.

 

 

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Publié dans Sophro pour ARTISTES
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